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Interview à propos de l’article « Utilisations et significations du concept de psychose ordinaire »

AMP XI Congrès: La convocation du prochain congrès de l’AMP 2018 a produit beaucoup d´enthousiasme. Nous savons que vous et un groupe de collègues de la EOL ont travaillé à propos, dites-nous ce que c’est.

Elena Levy Yeyati: En septembre de 2017 nous avons publié un articlei titré Utilisations et significations du concept de psychose ordinaire¨. Le travail était le résultat de quelques réflexions à propos des difficultés et des malentendus qui existent avec le syntagme « psychose ordinaire » qui a introduit J.-A. Miller. Nous allons nous concentrer sur un problème: décider comment comprendre l´indication selon laquelle les « psychose ordinaire » doivent être redirigées vers des diagnostics psychiatriques comme proposé en « Effet retour… »ii. Parce que sous ce signe, l´un des dangers qui court est de favoriser qu’il soit rapidement attaché un diagnostic de « psychose » (ordinaire) à tout patient considéré comme rare ou inclassable. Notre position éthique est la suivante: sans étiquette, il est nécessaire de considérer la clinique psychiatrique en se référant à un cas, no pour subsumer la psychiatrie en psychanalyse (ou vice versa) mais pour converser théoriquement et pratiquement avec des collègues psychiatres, membres de la famille, patients.

AMP XI Congrès: Quels sont les diagnostiques qui sont pris en compte dans ce travail de rétablissement entre psychiatrie et psychanalyse?

Elena Levy Yeyati: Il est surprenant que, dès le début de sa conférence, Miller prenne en compte le diagnostic de schizophrénie. Miller dit qu’il y a des sujets qui vont d’une déconnexion sociale à une autre, ils sont déconnectés du monde des affaires, de la famille, etc. Et conclut que c’est un chemin fréquent chez les schizophrènes. Nous avons l’habitude de penser que si quelqu’un reçoit un diagnostic de schizophrénie, il souffre d’une psychose déclenchée, d’une psychose extraordinaire. Maintenant, pas toujours la psychose schizophrène est décompensée, pour le dire avec Alvareziii, parfois il y a des présentations de ´´folie normalisée´´- avec des manifestations cliniques discrètes ou sub-cliniques. Avec ce champ épistémique ouvert par ´´psychose ordinaire´´ on commence à répondre à la question tant de fois demandé: hors de la phase aigüe des symptômes extraordinaires, le sujet est névrosé ou psychotique? On peut dire ça, quand un patient schizophrène est compensé, il est toujours un psychotique qui a résolu sa crise de manière non-névrotique.

Miller ferais référence – c´est notre hypothèse – a quoi aujourd’hui, avec les principaux symptômes de déclencher (des hallucinations, des délires, la désorganisation de la parole) il est connu comme un autre groupe de critères fondamentaux pour diagnostiquer la schizophrénie dans le DSMiv. Il s’agit de ce que l’on appelle la dysfonctionnent social et/ou du travail (très controversé en raison de la stigmatisation cela favorise). Ce critère établit que depuis le début de la perturbation, pendant une partie significative de temps, un ou plusieurs domaines d’activité importants, comment le travail, les relations interpersonnelles, ou prendre soin de soi, sont clairement en dessous du niveau avant l’apparition du trouble (ou, lorsque le début est dans l’enfance ou l’adolescence, l’incapacité d’attendre le niveau attendu de performance interpersonnelle, académique ou professionnelle).

AMP XI Congrès: Et la paranoïa sensible classique de Kretschmer – cela traduirait également le domaine des problèmes cliniques couverts par ´´psychose ordinaire´´ est aujourd’hui dans les nosographies actuelles ou vous devez revenir aux classiques?

Elena Levy Yeyati: Revenir aux classiques? Oui et non, c’est une question de goût et d’orientation, ce n’est pas nécessaire. À la fin des années ’60 Lacan a dit d’un ton critique que jusqu’à présent (existent déjà les classifications internationales et le DSM) personne ne pouvait faire autre chose que suivre la classification classique parce que la clinique psychiatrique (classique ou moderne) ne considère pas le pivot du transfert. Aujourd’hui les informations de Lacan sont toujours valables. D’un côté, les nosographies contemporaines préservent les symptômes et les catégories qui peuvent être retracent à leurs origines dans les classiques. Il y a une généalogie qui peut être tracée de la paranoïa sensible de Krestchmer à la personnalité paranoïaque du DSM. Mais, d’un autre côté, la ´´psychose ordinaire´´ est l’ouverture à une clinique depuis le transfère? Je dirais non.

AMP XI Congrès: Que pouvez dire des troubles de la personnalité? Ils ne viennent pas d’approches qui nient la séparation structurelle classique névrose-psychose?

Elena Levy Yati: En 1980, les auteurs du DSM ont aboli la névrose comme une classe diagnostique invoquant l’absence de consensus entre les différentes écoles post-freudiennesv. La polarité classique a été liquidée. Les troubles psychotiques qui ont été divisés en différentes classes et chapitres ont également été désagrégés. Cela a conduit à de nombreux diagnostics qui ont été classiquement inclus dans le domaine de la psychose ont été dispersés et certains ont fini par être inclus dans les soi-disant troubles de la personnalité. Ainsi, le groupe A des troubles de la personnalité comprend des images avec des symptômes psychotiques ou presque (c’est une question d’intensité) entant que la personnalité paranoïaque. Quelque chose de semblable est arrivée avec les névroses hystériques et le trouble borderline. Au clinicien intéressé, je suggère que vous passiez en revue les restes des diagnostics classiques dans le groupe des troubles de la personnalité des manuels actuels tels que DSM-5. Ce n’est pas hasard que le délire sensible de Kretschmer était un diagnostiques prononcé sur la base d’un cas de « psychose ordinaire ». Il y a des auteurs (Phillps et Gundersonvi, par exemple) qui expliquent que Kretschmer a décrit les types de personnalité en termes de spectre. Ils seraient des variations qui vont d’un extrême où ils se manifestent comme psychose paranoïaque ou affective franche, à l’autre où ils sont des personnalités plus stables avec des symptômes minimes. Cette approche est un prédicteur du groupe A des troubles de la personnalité. D’autre part, Schneider, psychiatre phénoménologue, considérait que les traits de personnalité étaient des variations extrêmes des populations générales. À lui appartient le premier recueil des troubles de la personnalité qui a fourni les grandes lignes de ceux qui ont été ensuite incorporés dans le CIE-10 et le DSM-4.

AMP XI Congrès: Que vous pouvez dire sur « le sentiment de la vie » selon les psychiatres?

Elena Levy Yeyati: En « Effet retour… » Miller dit que le sens de la vie est un terme très difficile à analyser, et fait référence à des psychiatres qui ont essayé de délimiter ce sens de la vie. Comme Miller parle de « synthèse », du sentiment générale du sujet de « l’être dans le monde » nous supposons qu’il se réfère aux phénoménologues. Nous avons pris en compte le travail des psychiatres phénoménologues contemporains comme Parnasvii, qui avec d’autres collègues, ont compilé une échelle composée d’une liste de symptômes au niveau de la perception de soi, des anomalies subjectives qui peuvent être considérées comme des trouble « minimes ». C’est-à-dire, des perturbations perceptives du soi, de l’identité, de l’intimité – pas des perturbations perceptives (hallucinations)- qui sont exquisément intimes, difficiles à exprimer verbalement, Une publication récent de Lucchelli et Fajnwaksviii – nos collègues de l’AMP – a servi de support à cette hypothèse de recherche.

 

Traduction: Daniela Rodríguez

 

 

  1. i Erbin L, Glaze A, Pollak C, Ringuelet G, Soae M, Vogel S, Levy Yeyati E. (2017) «Usos y sentidos del concepto de psicosis ordinaria» e-mariposa10 (Revista del Departamento de Psiquiatría y Psicoanálisis. Icdeba), pp.2-5.
  2. ii Miller, J.-A. (2010) «Efecto retorno sobre la psicosis ordinaria». El caldero de la Escuela, pp.12-29.
  3. iii Alvarez, J. M. (2016) «Sobre las formas normalizadas de la locura. Un apunte», Freudiana 76, RBA Libros, Barcelona, pp. 77-89.
  4. iv American Psychiatric Association (2013). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM-5TM). Arlington, VA: American Psychiatric Publishing.
  5. v American Psychiatric Association (1983). 3ª Edición. Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales. Barcelona: Masson, pp. 12-13.
  6. vi Phillps K., Gunderson J. (1999) Personality disorders en Hales, Yudofsky, Talbott Textbook of psychiatry, 3rd Ed., American Psychiatric Press, pp. 795-805.
  7. vii Parnas J., Møller P., Kircher T., Thalbitzer J., Jansson L., Handest P., Zahavi D. (2005) EASE: Examination of Anomalous Self-Experience. Psychopathology, pp. 236–258.
  8. viii Lucchelli J.P., Fajnwaks F. (2010), Une clinique de la psychose ordinaire, L’information psychiatrique, pp. 405-411.